samedi 22 novembre 2008

Vers Charleston - Le froid nous poursuit

Et oui, nous avons très froid. Aujourd'hui, la température est sous le point de congélation. Nous sommes vraiment contents d'avoir apporté nos gros vêtements d'hiver. On ne croyait pas avoir à s'en servir et on espérait même laisser ces bagages chez Diane... changement de plan : on va les garder précieusement, quitte à les enfouir dans le fond de la cale dès que la chaleur se fera sentir. Malgré tout, le ciel est presque toujours parfaitement clair. On a eu que très peu de pluie depuis notre départ ce qui fait qu'on peut profiter de la beauté du paysage. Certains vrais sportifs seraient peut-être ravis de s'amuser à monter les voiles dans ces températures là, avec des gros vents par temps clairs. Toutefois, ceux qu'on rencontrent sont aussi timides que nous face à l'inconfort de ces vents instables, surtout qu'on suit des canaux parfois étroits et plein de risques d'échouage.

Résumé de notre parcours depuis Belhaven
Belhaven (9 nov.)

Rencontre de Tiffany Rose, Dave, Shirley et Christopher. Des gens extraordinaires.
On cherchera ensemble le dock des dinghy et ferons jasette ensemble. Belhaven est une petite ville du sud assez typique.

Au rythme du sud
: Pour faire le plein le lendemain matin on se pointe à 8h00 à la seule marina du coin, car on veut partir tôt et faire une bonne route. On attend jusqu’à 10hres pour se faire dire que le gars qui a la clé n’est pas encore entré. Il arrivera vers 11hres. Une fois le plein et le pumpout (vidange du réservoir sceptique) complétés il est midi. On n’a d’autres choix que de retourner s’ancrer au point de départ et attendre au lendemain pour partir. On en profitera pour aller déjeuner et travailler sur internet dans un joli café qui vend aussi des vins sélectionnés et toutes sortes d’articles, des livres jusqu’à la vaisselle.


Premier signal : On voit des pélicans, de plus en plus.


Oriental (10 nov.) - Ancrage entre le pont et le brise lame.
Argo et Piccolo nous rejoignent. Callysto (Jocelyne et Ronald) sont déjà installés au quai de la marina. On prendra le petit déjeuner avec eux. Visite aussi à Argo, Edouard et Mona. C’est curieux de voir ce chassé-croisé des navigateurs qui voguent vers le sud.

Morehead (11 nov.)
Ancrage derrière l’ile, le bateau tourne continuellement à cause de vents et des courants changeants. D’autres bateaux s’approchent dangereusement de Raksha. On doit faire le guet toute la nuit. Au petit matin nous repartons, l’aventure continue. Il faudra décider en cours de route où nous nous arrêterons ce soir. La météo annonce des vents de 4kn (env 45 m/h). Il faudra chercher un abri sûr. Ce sera une marina.

Swansboro (12-15 nov.)
Juste avant d’arriver à Casper’s Marina, en traversant le Bogue Inlett à belle allure (6Kn) nous rencontrons un haut fond de sable sur lequel nous nous échouons de la meilleur façon. Impossible d’en sortir d’autant plus que la marée est baissante. En signifiant le fait à nos amis sur la radio VHF, BoatUS entend la conversation et vient à notre secours. Dans le temps de le dire (10 min) le gars est là et avec ses deux gros moteurs. Il nous tire en propulsant un jet d’eau sous la quille de Raksha. Bravo pour BoatUS et nous nous félicitons d’en être membre. Coût = 0$. La chance continue de nous sourire. Fatigue et météo oblige, on restera à Swansboro 4 jours, une jolie petite ville avec jolies boutiques et resto (Café latté, Hum!). C’est ici, à Swanboro qu’on verra notre premier palmier du voyage, et des grandes aigrettes. On est sur la piste!



Sloop Pte – Surf City (16 nov.)
Sloop Pte est un bras de mer qui s’écarte de l’Intracostal. On s’y réfugie après une bonne journée de navigation. Chemin faisant, on rencontre Sinn Fein, de bons amis avec qui nous jetterons l’ancre. Au petit matin, après les ablutions et manœuvres d’usage nous levons l’ancre et repartons sur l’intracostal vers le sud (en fait, on s’enfonce vers l’ouest...). Aujourd’hui, on a vu un banc de dauphins qui s’amusaient dans la Baie.


Carolina Beach (17 et 18 nov)
Federal pte Yacht Club.
On y restera deux jours car le temps nous annonce des vents importants sur la côte... encore. On en profite pour faire du velo et aller se payer une bonne bouffe chez Tangerine. On fera une petite visite à la mer mais il fait si froid qu’on doit être habillés comme en plein hiver, Parka, tuque et mitaines.
Nos amis Zenith, Absaroque et KaiKeiKi nous y rejoignent.


Enfin la Caroline du Sud (0 degré Celsius)… Myrtle beach North - Coquina Marina, (19 nov)
Bel accueil par Sandra et Bob (72 et 75 ans) qui habitent dans un gros trawler et s’occupent de la marina. Ils nous accueillent avec le sourire en prenant nos amarres. Souper chez Umberto. C’est à se demander si on est dans un centre de ski tellement il fait froid. Les gens interpellent Françoise en la voyant avec son casque de poil et son gros foulard ! Il ne neige pas encore, mais les palmiers en arrachent certainement. Retour sur Raksha. Demain matin on fera le plein à partir des bidons en filtrant le diésel. Puis ce sera la fuite vers le sud avant de prendre en glace. On a hâte d’arriver à la chaleur. Sur le parcours, l'architecture des maisons changent graduellement -les maisons sur pilotis, entre autres, caractérisent bien la côte de la Caroline. Mais il y a aussi les jolies villas qui font rêver.



Prochaine étape : Isle of Palms avant d’aller chez Diane à Columbia le 22 novembre. Entre temps, un magnifique mouillage au milieu des marécages (pas de moustique – le froid) et un autre lever du soleil à couper le souffle!



Bonne semaine et à bientôt...

Réflexion de Capitaine Pierre


La vie des navigateurs

Quand on voit des gens partir en navigation pour des horizons inconnus, la première pensée qui nous vient est ‘’sont-ils tombés sur la tête ou devenus soudainement fous’’. Et puis on se dit qu’un jour peut-être que pour nous aussi ce serait bon de suivre leurs traces. C’est ce qui nous est arrivé.

Derrière le rêve fou il y a aussi une réalité plus âpre qu’il faudra gérer. Le choix du bateau, son équipement pour la sécurité et pour notre confort ne sont que les prémices du voyage. L’apprentissage aux gréements et aux manœuvres, la mécanique du moteur, l’électricité à bord, la plomberie sont autant d’éléments à maîtriser si on veut s’assurer d’une plus grande sécurité. Il faut aussi des fusées de détresse des cornes de brume, des bouées de sauvetage, des VFI, des lignes de survie, des harnais, etc.

En navigation le facteur principal c’est la sécurité car les éléments ne pardonnent pas à celui qui les ignore. Le vent, cet élément si fluide, peut, lorsqu’il monte à plus de 35 nœuds vous brasser passablement et vous jeter sur la côte. La mer lorsqu’elle se monte et devient menaçante avec des vents contraires et ses déferlantes, peut vous coucher un voilier dans le temps de le dire. Les bateaux sont en sécurité lorsqu’ils sont amarrés au port, mais ce n’est pas pour cela qu’ils ont été construits, c’est pour prendre le large. Ils sont généralement construits pour en prendre beaucoup plus que leur équipage.

Alors qu’en est-il lorsqu’on lâche les amarres?
Il y a toujours un certain stress à quitter la terre ferme. Un voilier c’est un peu comme un petit vaisseau spatial qui se meut dans des éléments mouvants et en des territoires inconnus. C’est le plaisir de découvrir à chaque instant de nouvelles situations de nouveaux paysages. C’est aussi l’obligation de rester toujours présent au moment qui passe et de prendre les meilleures décisions.

À bord l’espace est restreint, il faut une discipline rigoureuse pour que tout le matériel soit logé correctement et retraçable facilement. Question d’hygiène, très important, il faut gérer la réserve d’eau, les déchets, le réservoir sceptique. Pour la bouffe aussi il nous faut prévoir et pouvoir conserver les aliments. Le frigo tire 3.5 ampères sur nos batteries qui doivent être régulièrement rechargées par la génératrice, l’éolienne, les panneaux solaire, et si le vent et le soleil nous privent de leur aide, il y a encore l’alternateur du moteur. Le diésel est précieux, il faut économiser. L’eau douce aussi est rare et l’eau chaude encore plus.

Certains navigateurs sont seuls à bord, d’autres en couple et d’autres encore en famille. IL faut beaucoup d’harmonie pour occuper un si petit espace à plusieurs, 12 pi x 35pi. La longueur du bateau est bien relative et dépend aussi des humeurs.

Une journée commence par un bon ménage et tout sécuriser pour que tout ne se retrouve pas par terre au fond du bateau à la fin de la journée quand on s’est bien fait brasser par la houle. Puis il y a les préparatifs : vérifications usuelles du moteur et des gréements. Radio VHF, instruments et pilote automatiques sont mis en marche et vérifiés. On sécurise aussi tout sur le pont et on remonte le moteur du dinghy sur son socle. On s’assure que le plein est fait avec le diésel qu’on a filtré. On s’assure que les voiles sont bien à poste et que tout est prêt.
Puis c’est le départ, on lève l’ancre ou on lâche les amarres et on prend un cap vers la destination prévue.

Qui a dit que naviguer était un rêve? Il faut être de tous les instants présent à ce qui se passe. Anticiper , prévoir, décider, corriger le cap… Mais il y a aussi admirer le paysage, observer les oiseaux et les dauphins, s’extasier devant le soleil levant ou couchant, les couleurs, les nuages, le vent, l’eau et l’infini…
Il y a les merveilleux repas pris à bord, le moments de solitude à la proue du voilier qui file dans le vent…
Mais il y a surtout cette fierté, le soir venu, d’avoir parcouru quarante ou cinquante milles de plus vers l’objectif d’arriver nulle part en particulier!
Perdre la notion du temps, mais toujours savoir où l’on est.
Rencontrer des gens merveilleux qui comme nous, comme les oies sauvages fuient le froid vers des eaux chaudes et limpides. Partager un repas et nos histoires de navigateurs.

Il faut être un petit peu fou, oui je l’avoue!
On rêve tous d’un jour ou l’on pourra être un peu fou!

Pierre

samedi 8 novembre 2008

De Deltaville à BelHaven

Découvrir les villes par la voie des eaux, c’est un autre univers. Lorsqu’on voyage en auto, on entre dans les villes américaines par les autoroutes et le paysage qui nous est offert est affreux : une enfilade de McDonald, TacoBell et autres monstres d’affichages publicitaires. C’est tout ce qu’on en voit. En bateau, on entre dans les villes par le centre historique et souvent le cœur vibrant de la ville, petite ou grosse. C’est presque toujours charmant sauf, bien entendu, les grosses villes portuaires et militaires comme Norfok, qui nous offrent d’autres types de monstres. Au moins, c’est intéressant. Presque tous nos arrêts sont donc colorés du charme des vieux centre-ville. Ça n’a pas été vrai pour Deltaville où nous n’avons jamais trouvé le centre ville. Le centre consistait en un bureau de poste, une quincaillerie, et trois églises. Nous nous sommes quand même beaucoup amusé. On y a fêté l’Halloween avec des amis de SinFein, Cathy, Larry et Maria (photo).


On y a aussi fait des travaux électriques, dégusté des cafés Latté et fait beaucoup de vélo.
Elizabeth City, ensuite, a été un arrêt particulièrement agréable. L’hospitalité des résidents nous a beaucoup impressionné. Tous les jours, les « boaters » sont invités à un vin-fromage offert par le centre des visiteurs. Le maire nous explique sa ville et tous les attraits (et commerces) dont nous pouvons profiter. On vient même nous chercher gratuitement en voiture pour nous amener et nous ramener de l’épicerie (on se rappelle que les épiceries sont loin, loin loin, près des autoroutes!).


Elizabeth City a aussi été une belle étape de rencontre avec des navigateurs que nous aimons revoir ou que nous découvrons. Ronald et Jocelyne de Callisto, avec qui nous sommes allé au cinéma (le pire film que j’ai vu de ma vie – Pride & Glory – n’allez pas voir ça). On y a revu Natalie de la Belle Turbulence, et ce fut une agréable rencontre. On est resté 4 jours, en attendant la fenêtre météo propice pour la traversée de l’Albemarle Sound.


Cet étang d’eau qui requiert presque 4 heures de traversée, est particulièrement dangereux sous certains vents, à cause du peu de profondeur et de l’effet des vagues et des vents sur les fonds qui se déplacent. Aujourd’hui, 8 novembre, on file dans les « swamps » de la Caroline du Nord. On a dormi dans la Rivière Alligator, mais sans voir d’alligators. Il faudra que je demande à Diane de m’expliquer ça! J’aimerais bien en voir, du haut de notre pont…Le paysage change.


Nous sommes passés des feuillus colorés par l’automne en Virginie, aux arbres déséchés et tordus des « swamps » de la Caroline du Nord. On a aussi eu droit à nos premières moustiques. La température est encore fraîche, mais tellement plus confortable que celle de la semaine dernière. On a même dormi sans fermer la porte du bateau (on a un bon moustiquaire…). On arrête à BelHaven pour mettre à jour le blogue, faire le plein de diésel et d’eau et on retourne aux marécages demain matin.

Bonne soirée la famille et les amis…