jeudi 10 septembre 2009

Les turbulences du retour

Ouf! Bien différentes de celle de la mer ces turbulences du retour sur terre! On avait bien peu l’habitude de vivre avec tout le tralala, télévision, trafic et tout ce bruit qui nous arrive de la rue, les sirènes d’ambulance, de pompiers, de police!

Oh, sur la mer il y avait bien ces bruits de cormorans qui se jettent à l’eau ou de canards qui viennent nous faire couac couac le matin pendant le petit déjeuner sur la poupe du bateau. Et puis le bruit des vagues qui flacottent sur la coque de Raksha.

Se remet-on rapidement demanderez-vous d’un périple aussi long sur l’eau?

Tout est rapide autour de nous. Les amis nous demande « Et puis comment c’était le voyage? » Et on ne sait trop quoi dire, ç’a passé trop vite, on aurait encore le goût d’être sur la mer infinie, infiniment grande et belle.

Ce qui nous manque c’est d’être bercé par la houle au gré du vent comme seul compagnon qui fait siffler les haubans.

Les hauts et les bas sont comme ces vagues et ces remous qui nous entouraient en navigation sur la mer. Certains jours, ce sont les pointes qui nous permettent de voir plus loin et d’autres jours ce sont les creux qui nous ramènent à la réalité du moment présent.

Comment fera-t-on? Quand repartirons-nous et pour quel horizon? Nos amis du large nous appellent, on entend leurs voix dans le lointain, au delà des nuages.

Puis nos intimes qui nous invitent à rester auprès d’eux, sur la terre ferme.

Le temps doit faire son temps. Le temps de laisser déposer tous les souvenirs de nos aventures.

Le temps de reprendre notre souffle. Le temps de s’occuper de nos affaires quotidiennes.

Le temps…

Là bas sur le Lac Champlain, accrochée à son ancre, Raksha , doucement ballottée, elle attend que ses maîtres reviennent. Là bas, Raksha, prête à repartir pour d’autres horizons au gé des vents et marées.

Là bas, Raksha s’ennuie. Elle espère larguer ses amarres.

Capitaines Pierre et Françoise



lundi 1 juin 2009

Dernière étape

On est à NewYork (cliquez ici). On a passé l'après-midi d'hier avec Monique, Vincent, et les petites familles de Vincent jr et Christine. Jessica est devenue une très très jolie jeune fille (15 ans déjà) et on reçu une jolie fleur d'Alex et Gabrielle. Monique nous a reçu avec un savoureux et copieux dîner et Françoise a pris une vraie, longue et chaude douche avant de repartir. Je pense qu'on réussira à entrer dans notre programme d'être de retour à la mi-juin. La dernière étape très délicate consiste à démater (coucher le mat ) le bateau pour passer sous les ponts et dans les écluses de la rivière Hudson et, au bout, remater avant d'entrer dans le Lac Champlain. C'est une opération délicate parce que le mât comporte plusieurs branchements électriques qu'il faut défaire et refaire sans se tromper. Il y a aussi les antennes et radar qu'il ne faut pas accrocher en descendant le mât. On se fait aider par des professionnels qui manipulent la grue qui lèvera le mât pour ensuite le coucher, mais on doit faire le travail nous même pour tout le reste de l'opération. On est à l'étape du plan pour la construction des supports de bois.

À très bientôt,

Françoise et Pierre

jeudi 21 mai 2009

Fais du feu dans la cheminée...

Nous avons parcouru l'Intracostal à tout allure. On s'est toutefois fait plaisir en arrêtant à Elizabeth City pour quelques jours. Quel accueil... Le maire de la ville vient rencontrer chaque équipage et nous invite à un 5 à 7 pour nous présenter sa ville et toutes ses activités, entre autre, le festival de la Patate qui aura lieu dès la fin de semaine. Ensuite, Portmouth et Norfolk qui marque la fin de l'Intracostal et le début de la Baie de Chasepeake.

Nous sommes aujourd'hui à Solomon, dans la grande Baie du Chasepeake (cliquez ici...) À l'automne, on avait passé tout le mois d'octobre dans cette baie magnifique. Aujourd'hui, on y passe en coup de vent puisqu'on s'est donné une échéance, la mi-juin, pour être à Montréal. Il faut filer vite. On fait donc de grosses journées de 7 à 8 heures de navigation. On ressent toutefois la fatigue et on devra certainement se reposer de temps en temps. En même temps, on se dit que la météo pourrait nous y forcer de toute façon. Il fait très beau en ce moment. Froid mais beau.


Le retour...
cela nous fait vivre de drôles de sentiments.
Quel est le sentiment dominant? Celui du plaisir de retrouver ceux qu'on aime, le sentiment de deuil, de l'impatience de revenir, une certaine tristesse, la peur de revenir aussi, le sentiment que chaque moment qui passe, chaque paysage, chaque rencontre... sont uniques, précieux, et échappés. Nos souvenirs sont déjà confus tant il y en a. On a très hâte de revoir notre monde, nos enfants surtout, nos amis, notre univers... En même temps, c'est la fin de quelque chose qui a été vraiment très spécial. Aussi, on ne peut s'empêcher de penser à l'après... de quoi sera t-il fait? Quelle sera notre vie après ce voyage?
À très bientôt,

mercredi 6 mai 2009

L'eau qui coule

Des merveilles oubliées

Vous êtes-vous déjà émerveillé devant un bol de toilette?
Que fait-on, sur un bateau, lorsque la toilette se brise? On revient à l'ancienne méthode du pot de chambre !!! Mais il y a un Hic! Un bateau, ça bouge...
Ce matin, Pierre et moi avons réparé la toilette qui ne voulait plus collaborer depuis 2 jours. Quelle merveille! Il y a de l'eau dedans... et l'eau (et le reste) accepte de disparaître quand on pompe un peu... OH oui, quelle merveille!
Bien sur, on doit faire abstraction de l'étape peu reluisante du démontage de la dite toilette...


Emportés par le courant

Le petit moteur de notre dinghy nous fait des misères depuis quelques jours, mais on s'en sortait quand même bien. En sacrant un peu... un tout petit peu... mais on arrivait à bon port à chaque fois. À chaque sortie, on se disait bien qu'il faudrait y mettre du temps et trouver un mécanicien. En attendant, on tentait différents trucs et recettes que nous donnaient nos amis.
Cet après-midi, après une petite journée de navigation entre Cape Fear et Wrightville Beach, on quitte notre ancrage avec Petit Dinghy chéri. Tout va très bien... (surtout qu'on est si heureux et conscient de notre statut de privilégiés depuis qu'on a réparé la toilette).

La petite promenade terminée, on reprend notre dinghy... Désespoir, trahison, damnation... Le moteur de Petit Dinghy refuse d'embrayer.

On décide de revenir à la rame. Jusque là, c'est pas grave, même si le bateau est à une bonne distance. Le problème se pose après quelques mètres d'un très fort courant qui refuse de nous laisser approcher de notre bateau. Trop tard pour attendre de l'aide. On se relaie aux rames, mais on voit bien qu'on n'y arrivera pas...
Grand débat sur les différentes alternatives de sauvetage. On fini par adopter la stratégie du lézard. On réussit à atteindre l'autre rive, mais trop loin de notre bateau. De là, on s'est accroché aux structures des quais et on a "rampé" sous les quais jusqu'à ce qu'on ait remonté la rivière suffisamment pour se laisser porter jusqu'au bateau.

Alors demain, on trouve le foutu mécanicien...

À bientôt,

Françoise et Pierre,
de Wrightville Beach, Caroline du Nord (très jolie plage avec des tas de jeunes surfeurs)

mercredi 15 avril 2009

Derniers jours dans les Bahamas



Nous sommes à Green Turtle Island, Abacos, dans la baie de Black Sound. Nous sommes amarrés à la marina de Leeward Yatch Club. La nuit dernière, on a profité d’un spectacle grandiose. En effet, dame nature nous a gratifié d’un feu d’artifice de plusieurs heures. Le ciel s’illuminait comme en plein jour en alternance avec une noirceur absolue. Au début, on n’entendait aucun grondement, pendant quelques heures, ce qui donnait un jeu de lumière difficilement attribuable à un orage électrique. On se demandait quel pouvait être ce phénomène, trop intense pour être artificiel. Et puis, le tonnerre a commencé à se faire entendre, et ensuite la pluie, mais quelle pluie! La première pluie depuis janvier… À 2h30 du matin, la baie voisine de la nôtre, White Sound, située à peine à 2 kilomètres, a été secouée par des rafales d’environ 80 km/h, alors que nous dormions tranquillement, sous un vent d’à peine 30 km/h, juste à côté. On appelle ça un « squall ».

Dimanche prochain, on va traverser le Golf Stream, en direction de Cap Canaveral. Nous serons en flotille avec Callisto. La météo nous indique que dimanche sera une bonne fenêtre pour partir. Nous arriverons à Cap Canaveral lundi matin. Les vents seront favorables (20 nœuds sud est), les vagues longues (8 pieds, 11 secondes) et la direction des uns et des autres « adonnent » bien. D’autres « squalls » sont attendus lundi prochain en soirée. Nous suivrons de près l’évolution des prévisions météo, croyez-moi!


Récapitulation

Depuis notre dernier envoi, nous avons « flotté » entre différentes îles. Nous avons visité Spanish Well, en passant par Royal Island, Little Harbour, HopeTown, Great Guana Cay et enfin Green Turtle Island, où nous serons jusqu’à demain.

Spanish Well ---
Jolie petite île peuplée par des anciens loyalistes qui se sauvaient de la Caroline lors de la guerre d’indépendance. Donc, île de blancs. On s’y promène en « golf cart ». Jocelyne (de Callisto avec qui nous « copinons » d’île en île) et moi, on se voyait bien s’installer sur cette île, y faire une petite plantation de bananes, d’avocat, d’ananas ou de manguiers… avec un petit café où on aurait du vrai bon café (ce qui est rare ici). Peut-être même quelques vignes. Il y a de la place pour ça ici. Malheureusement, les terres sont hors de prix. J’en ai quand même rêvé quelques jours avant de reconnaître l’utopie!



Little Harbour ---
Une petite traversée océane de 8 heures entre Eleuthera et Les Abacos nous y amène. Pendant la traversée, Ron (Callisto) réussit à attraper un Mahimahi (aussi appelé Dolfin fish ou Dorade) de 52 pouces, ce qui est trop gros pour eux tout seul! On est content d’avoir des amis comme ça…


Little Harbour nous a étonné. On a l’impression d’être dans un endroit isolé, au bout de nulle part. Il s’y trouve pourtant une impressionnante fonderie de bronze artisanale qui fonctionne depuis 3 générations de sculpteurs. Ils ont aménagé le site de façon chaleureuse et accueillante pour les visiteurs. Il y a une galerie-boutique et nous pouvons suivre tout le processus de fonderie. Sur cette île, nous retrouvons Maya (Armand et Sharon avec qui nous avons fait les Exumas) et Charlot (Charles, Nancy, Victor et Xavier, rencontrés à Governors).


Hope Town --- C’est le top de toutes les îles. La plus jolie, la plus charmante, la plus chère aussi. Ici aussi, je m’y verrais installée. Mais… oublions ça voulez-vous… C’est ici que Pierre a fêté ses 70 ans. avec Jocelyne et Ronald (Callisto). Jocelyne nous a reçu avec un vrai brunch québécois (œufs miroir, bacon, toast, beans et café au lait).
Bonne fête !

On y est resté ici presqu’une semaine. Une semaine de bonheur. Plage, excursion en vélo, exploration pédestre, visite du phare, du musée.



Aujourd’hui, nous sommes à Green Turtle. Nous quittons demain pour aller prendre la position de départ à Great Sale Cay. Nous serons prêts. même l'éolienne qui nous a tant fait défaut sera fonctionnelle à nouveau, grâce à l'habileté de Pierre.


La prochaine fois que nous écrirons, nous serons aux Etats-Unis.


Pierre et Françoise

lundi 23 mars 2009

De George Town à Éleuthera

Il y a parfois des endroits de recueillement, complètement perdu dans une brousse échevelée. On les trouve après quelques heures de marche, sans jamais avoir rencontré une seule personne. C'est magique...

Stocking Island, "Sand Dollar beach", 7 mars 08 Une belle rencontre d'amis au St-Francis, Georgetown, 7 mars 08


Le 12 mars, à Staniel Cay, Pierre réussissait à prendre ce magnifique poisson, un "Queentrigger fish". Tellement beau, qu'on a vraiment pensé à le remettre à l'eau. Mais, le pauvre poisson était trop blessé pour en survivre. On l'a donc mangé.
Délicieux!
Cela m'a fait pensé à la délicieuse Raie qu'on avait mangé chez Christine il y a quelques années. Malgré cela, je ne veux plus jamais pêcher ce poisson là... C'est une horreur à dépecer. Les os, très dur et épais, se prolonge dans les ailerons et dans le crâne. J'aurais eu besoin d'une machette pour en venir à bout.

À Warderick Well (14 mars 08), extraordinaire baie pour les pirates, et ensuite pour les loyalistes qui s'y sont enfuis des États-Unis avec leurs esclaves.
C'est aujourd'hui un parc naturel, où les oiseaux nous mangent dans la main et où les lézards se sentent les rois de l'univers. Ici, on a fait de la belle plongée. Les poissons de toutes sortes s'amusent dans les récifs.



Nous sommes maintenant à Governors Harbour, ancienne capitale des Bahamas avant Nassau. C'est une petite ville charmante et accueillante. Les gens y sont chaleureux et avenants. Même les chiens qui s'y promènent en meute sont gentils. Les enfants sont souriants et joueurs. À chaque rencontre, même sur la rue, on est salué. On a le sentiment qu'ils sont fiers que nous soyons venus chez eux. C'est vraiment très agréable, d'autant plus que l'honnêteté ici semble une valeur sure. D'ailleurs, partout aux Bahamas, mis à part Nassau, on a eu ce sentiment de sécurité.

À bientôt


Françoise et Pierre



vendredi 13 mars 2009

À la recherche du colis perdu …

À la mi-janvier, ma petite sœur Diane propose de nous envoyer quelques DVD de films, pour agrémenter nos soirées sur le bateau. Youppie! Quel beau cadeau! On dit oui à cette proposition alléchante. Mais comment faire et où les envoyer. On est, à cette époque, en attente d’une fenêtre météo propice pour la traversée du Golf Stream. Je propose donc à Diane de nous envoyer ce colis à Nassau qui, dans ma tête est certainement une grande ville bien organisée. Quelques jours plus tard, nous voici donc à Nassau. Nous sommes un peu surpris de constater que ce n'est pas si grand que ça et surtout, assez débraillé. Je me pointe au bureau de poste. Derrière le comptoir, je vois plein de boîtes de carton, débordantes de lettres pêle-mêle et je me dis que ça a l’air d’un beau fouillis, mais probablement qu’ils ont un « système » qui leur convient. Notre colis n’y est pas encore, mais c’est pas grave puisqu’on est là pour plusieurs jours. La météo nous retient sur place. À la fin de notre séjour, j’y retourne et le colis n’y est toujours pas. Il y a bien 10 jours que le colis a été posté.

Je parle au superviseur, le seul apte à savoir quoi faire semble t-il et je demande donc que le colis soit redirigé vers Staniel Cay. « il y a bien un bureau de poste à Staniel Cay, n’est-ce pas? » et il me répond : « certainement madame et cela ne prendra que 3 jours à partir d’ici ». Il me fait écrire, sur un petit bout de papier déchiré, mon nom et le nom de la ville où je veux que le colis soit redirigé. Où va ce papier? Comment feront-ils le lien entre ce papier et mon colis parmi cet amoncellement de lettres et de colis épars? Ils ont certainement un système!

Deux semaines plus tard, on arrive à Staniel Cay. Enfin, on aura des films! Et pas n’importe lesquels… ils ont été spécialement sélectionnés pour nous par Diane. On anticipe déjà nos douillettes petites soirées de cinéma maison, avec le doux tangage de Raksha.

D’abord, il faut trouver le bureau de poste. Dans le guide, c’est indiqué : maison verte! Bon… Il y a des maisons jaunes, vertes, roses et bleues (c’est assez joli d’ailleurs). On s’informe auprès d’un individu, blanc et prospère, qui conduit une voiturette de golf, véhicule généralement utilisé par les résidents.
« Madame, il n’y a pas de bureau de poste à Staniel Cay » qu’il me répond. Vous devinez mon désarroi!
« Mais oui, Monsieur il y a un bureau de poste. C’est dans le guide et le maître de poste de Nassau me l’a confirmé »
« Je sais de quoi je parle… Ça fait 10 ans que j’habite ici » répond le monsieur blanc et prospère.
Oh làlà… qu’est-ce que c’est que cette histoire?

Je cherche quand même la maison verte et j'interroge un vrai Bahamien de Staniel Cay. « Mais oui madame, il y a un bureau de poste. C’est la maison verte! »
La maison verte? Quelle maison verte? Où ça, la maison verte?
« Vous tournez là et ensuite là et après... vous suivez le chemin de pierre, vous allez arriver dans la cour de la maison de la maîtresse de poste » HA! « C’est là le bureau de poste? »
« Non madame, ça c’est la maison de la maîtresse de poste. Il n’y a personne au bureau de poste en ce moment (il est 10h00 am). Elle y sera peut-être à 11h00, mais à midi elle partira dîner et reviendra peut-être à 14h30»
« Et à quelle heure est-ce que ça ferme ? »
« À 16h00 » dit-il.
Je rencontre donc la maîtresse de poste chez elle, mais bref, pas de colis au bureau de poste de Staniel Cay. Mais nous sommes entre de bonnes mains, car la maîtresse de poste est aussi la police de la ville et elle s’implique beaucoup dans la communauté. Elle nous a conduit jusqu’à l’épicerie en voiturette de golf et en nous attendant, elle a lavé le plancher de l’épicerie. Ça, c’est de la polyvalence!

Trois jours plus tard, avant de quitter pour Georges Town, je retourne voir la maîtresse de poste, chez elle puisque je ne trouve toujours pas le bureau de poste. J’y rencontre sa mère qui tient lieu d’intérimaire. Elle ne me demande pas mon nom, elle sait qui je suis… la fille du colis perdu… Toujours pas de colis, mais la démarche a été faite auprès de Nassau et le colis devrait être en route. « En tout cas, il n’est pas à Nassau » me dit-on!

Je demande donc que le colis soit redirigé vers Georges Town, puisque nous y serons au moins 2 semaines. On me fait écrire mon nom, encore une fois sur un petit bout de papier déchiré. Où va ce papier? Ont-ils un système?

La maîtresse de poste de Georges Town a donc eu l’occasion de me connaître aussi. Plusieurs fois j’ai demandé qu'elle fasse la recherche pour moi auprès de Nassau et de Staniel Cay… Pas de colis…

Nous voici maintenant de retour à Staniel Cay, aujourd’hui le 13 mars. Une petite visite à la maman de la maîtresse de poste et ensuite à la maîtresse de poste elle même dans sa voiture de police. Toujours rien.

Je n’aurai pas mon colis… Mais le vrai sens de toute cette histoire, c’est que j’ai eu beaucoup de plaisir à m’immiscer dans un petit coin de la vie Bahamienne grâce à cette aventure. Alors merci Diane pour cette belle opportunité que tu m’as donné de « chercher un colis perdu ». Les Bahamiens que j’ai rencontrés dans leur quotidien (je ne les ai pas tous nommés) ont tous été d’une grande gentillesse et sincères dans le désir de nous aider. C’est juste qu’ils sont vraiment désorganisés. En fait, ont-ils besoin d’être plus organisé? Probablement pas.


Lundi le 9 mars,

Nous quittons Georges Town ce matin. Nous entreprenons notre périple de retour. Selon les prévisions météo nous prendrons les décisions relatives à notre mode de navigation. On s’attend à des vagues de 4 à 6 pieds de 3 secondes et un vent nord est de 15 à 20 nœuds. Au terme de notre navigation nous laisserons Raksha à Indiantown en Floride à la fin mai et nous rentrerons en auto après avoir préparé Raksha (sortie de l’eau, lavage, préparation pour son entreposage).
Sur le chemin du retour nous explorerons encore différents coins des Exumas puis, de Warderick Well, nous passerons dans les Eleutheras et les Abacos. Pour finir, nous reprendrons la mer en remontant le Gulf Steam vers Jupiter Inlet pour remonter la rivière vers Indiantown.

Nous pensons souvent à vous tous qui nous suivez et vous demandez ce que ça peut bien être de vivre une telle aventure. Eh bien il y a de grandes joies mais aussi nous pensons à vous qui profitez de confort douillet, de lits avec des draps secs, de l’eau courante et de l’électricité en abondance, et de toutes les facilités de la vie de citadins. Ici les repas sont souvent des Touttsky (tout ce qui reste).
Un jour nous avons décider de troquer le confort contre les couchers de soleil et l’eau émeraude, l’air salin, les plongées en mer avec les poissons de toutes sortes, le ciel plein d’étoiles la nuit, la rencontre de gens extraordinaires vivant dans les iles. La température cette année aux Bahamas est telle que les plongées et les baignades sont rares. Il ne pleut jamais, mais il y a toujours un fond de fraîcheur. Nous reviendrons quand même la tête remplie de souvenirs et nos pensées seront remplies d’idées de repartir vers des cieux lointains.

Vivre pleinement avant de mourir et mourir un jour en vivant pleinement.

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Samedi, 7 mars 2009.

Nous sommes encore à Georges Town, ancré devant le Monument dans le port. Il doit bien y avoir quelques centaines de voiliers et quelques bateaux moteurs répartis tout le long de Stocking Island. Il existe ici une communauté de navigateurs qui passent l’hiver à Georges Town et qui organisent entre eux plein d’activités, de jeux et de compétitions de toutes sortes.

Aujourd’hui c’était le jour du coconut. Le jeux consistait à ramasser le plus de noix de coco possible dans son dinghy (petite embarcation de type Zodiac accrochée à l’arrière des voiliers). Au début on lâche dans la crique quelques centaines de noix de coco, certaines sont roses et valent plus de point. On n’a pas le droit de voler celles des autres concurrents mais on a le droit de lancer de l’eau à la chaudière dans les autres dinghy, ce qui a pour effet de faire flotter à rebord les noix de coco qui retombent alors hors du dinghy. On peut alors les prendre. C’est une compétition très savoureuse.

Les bateaux changent souvent de place pour s’ancrer ailleurs comme à Kidd Cove, plus près de la ville de Georges Town. Nous y faisons le lavage, le marché, l’approvisionnement en eau avec des bidons de 6 gallons, en diesel, en propane (le mercredi à 1100am). On a aussi besoin de gasoline pour la génératrice qui nous permet de charger nos batteries. Les fils de l’hydro-Québec ne se rendent pas au bateau.
Tout compte fait pour survivre en bateau il faut penser et anticiper car il n’y a pas de ressource partout.
L’internet est rare et skype encore plus. On a un téléphone cellulaire de Batelco (cie de téléphone des Bahamas) à carte. Le coût d’utilisation est de $3.00 can. par min le jour et la moitié le soir.
Heureusement on a à bord un radio transmetteur amateur qui nous permet de communiquer avec le Réseau du Capitaine le matin entre 0700h et 0830h. Aussi on peut envoyer et recevoir par radio des messages textes sur le réseau winlink relié au réseau internet. C’est un outil essentiel pour rester en lien lorsqu’on est en mer ou sans wifi.

lundi 2 mars 2009

Georges Town, l'heure des choix

La vie reprend peu à peu sa place après les tristes jours de deuil qui accablent notre fille Annie. Le temps a des vertus de guérison et agit comme un baume.

Nous sommes maintenant à Georges Town au sud des Exumas. Nous aurions cru y trouver une ville comme Nassau, mais il s’agit plutôt d’un endroit beaucoup plus modeste où on trouve quand même un peu de tout. Internet : très peu de possibilités si ce n’est une cabane rustique où on peut aller avec nos ordinateurs pour profiter d’un réseau wi-fi. Pas de Skype, la bande passante est trop retreinte.


Confrontés à une décision pas facile à prendre, celle de continuer notre périple vers Grenade au sud des Antilles avec des amis rencontrés en Floride, Perle d’eau, ou de remonter vers le nord, nous avons été déchirés. Compte tenu de la difficulté de décider, Françoise et moi avons procédé par vote secret, écrit.



Aujourd’hui nous pouvons dévoiler le résultat. Nous avons décidé de remonter vers le nord et laisser éventuellement RAKSHA à Indiantown en Floride. Nous reviendrons donc à la maison pour la mi-juin. Nous caressons le projet, l’année prochaine, de naviguer vers Cuba.


Depuis Staniel Cay nous avons vécu plein d’aventures. Parti de Staniel Cay pour descendre vers Norman’s Cay nous avons été surpris par une mer un peu trop forte avec des vents de 25 nœuds et des grosses vagues trop courtes et de travers. Fatigués, après une vingtaine de milles nautiques de navigation, nous décidons d’arrêter à Galliot Cay pour y dormir. Nous y sommes seuls avec un autre voilier. L’endroit est charmant mais pour y entrer il faut passer par une passe étroite avec un courrant assez fort. D’un côté l’océan Atlantique avec ses 5000 pieds de profondeur et de l’autre le banc avec ses 15 pieds. Une importante masse d’eau qui s’y engouffre ou qui s’en évacue, en quelques heures de marée.

Le lendemain matin, levés tôt et après un bon petit déjeuner, nous décidons de sortir de la passe à l’étale (moment de calme entre 2 marées). Moteurs en marche, voiles prêtes à sortir en cas, car de chaque côté il y a des récifs menaçants, nous nous engageons dans la passe. Une houle roulante qui grossit nous y attend. Une houle mouvementé qui rebondit sur les récifs produits des tourbillons difficiles à négocier. Françoise est à la proue pour surveiller l’éventualité de tête de corail, Pierre est à la barre. La vague grossit au point où RAKSHA plonge à plusieurs reprises dans des vagues de 10 pieds. L’eau passe par-dessus Françoise qui se tient au balcon avant tout en portant son harnais de sécurité attaché à la ligne de vie.

Cela dure une bon 15 minutes avant de prendre le large et quitter cette zone turbulente. Ouff! Cette fois encore, on a eu le dessus. La mer n’a qu’à bien se tenir!

La suite fut beaucoup plus facile et la navigation jusqu’à Georges Town à la voile et au moteur fut très agréable.

Arrivé à Kidd’s Cove, nom du célèbre pirate Captain Kidd, nous jetons la pioche et descendons à terre pour explorer l’endroit.


Nos amis Mélanie et Simon avec qui nous avions déjà fait de la voile sur le lac Champlain doivent venir nous rejoindre le 24 fév. Ils nous apporterons aussi les pièces nécessaires à la réparation de l’éolienne que nous avions perdue en mer et un excellent café que nous dégusterons (il n’y a pas de bon café aux Bahamas).

Entre temps nous préparons le bateau pour leur venu.

Le 24 nous allons chercher nos amis à terre pour les ramener sur RAKSHA avec notre petit dinghy.. C’est le soir et le vent souffle assez fort. On a apporté des plastiques, genre rideaux de douche, pour leur éviter d’être mouillés. Mais chose impossible, la vague qui fouette le dinghy leur réserve une bonne douche d’eau salé.

Nous avons beaucoup apprécié les quatre jours passées en leur compagnie. Un peu de baignade à Stocking Island, Exploration de l’île. Tentative de prendre une mer trop agitée, retour à Sand Dollar Cay et finalement, une belle journée de navigation côtière en mer au nord de Conque Cay.

Merci Mélanie et Simon de nous avoir apporté votre amitié à bord de RAKSHA.

À bientôt.....


Françoise et Pierre

mardi 17 février 2009

La vie nous réserve des surprises…incompréhensibles!



Nous avons appris cette semaine par la voix d’Annie, la fille de Pierre, le décès de son ami de cœur, Jean-Roger. En souvenir de cet homme remarquable pour sa grande sensibilité à la nature, décédé à un âge si jeune, nous avons immédiatement mis les drapeaux de RAKSHA en berne.




Jean-Roger a été pour nous cet homme rempli de douceur et d’amour. Nous aurions tant voulu que LA VIE puisse lui redonner la santé, mais la volonté de Dieu est parfois difficile à comprendre. Un jour puissions-nous la saisir.

Nos cœurs sont tristes et RAKSHA vit un moment de vide que seules les étoiles, la nuit, viennent combler. La grandeur du ciel étoilé nous ramène à notre impuissance. Ce matin nous ferons entendre le son du Conque dans la baie de Little Farmer Cay et ce son se répercutera à l’infini en espérant que Jean-Roger puisse entendre que l’on se souviendra de lui longtemps.
Pour notre fille Annie nos cœurs sont remplis d’amour et nous espérons que cet amour pourra jeter un peu de baume sur la blessure et le vide terrible qui l’afflige en ce moment.

Capitaines Françoise et Pierre

samedi 31 janvier 2009

Nassau

Nassau, 31 janvier

L’arrivée dans le port, hier après-midi, se déroule bien, mais l’entrée dans la marina a été difficile. Le vent, les courants, le trafic et les espaces restreints nous ont fait vivre pas mal de stress. Comme toujours dans ce monde, on a eu beaucoup d’aide, entre autre de nos copains, mais aussi de Joël, jeune capitaine pour Navetour, ici à Nassau. On avait connu Joël à Plattsburgh et on le retrouve ici, en plein milieu du port. Il était en dinghy lorsqu’il nous a vu et il est venu s’accoster sur Raksha pour nous guider. On réussit enfin à communiquer par skype avec les enfants. Plus d’une trentaine de courriels à traiter. Pour le souper, on se rend dans un resto chinois, le Double Dragon, avec nos copains de flotille et le nouvel équipage de Perle D’eau, Lili et William. Aujourd’hui, on part à la recherche d’une hélice d’éolienne. La nôtre s’est envolée au dessus de l’océan et on n’avait pas l’intention de faire de recherches «approfondies» pour la retrouver !

Retour sur nos traces...

Chub Cay, 26 janvier

L’urgence d’établir certaines communications nous incitent à sauter dans le dinghy dès l’arrivée à l’ancre pour se rendre à la marina de Chub Cay. Rien à faire. Impossible d’avoir un signal. La marina, seule institution présente sur l’île, est très dispendieuse. C’est principalement un club privé huppé. Il n’y a rien d’autre sur l’île. Personne n’y habite à part le personnel et peut être quelques membres du club. Pour partir d’ici, il faut attendre que le vent tourne sud ou sud-ouest pour ne pas se faire trop brasser par la vague. Ce sera vendredi. En attendant, on s’amuse dans l’eau; on va voir les poissons et les coraux en apnée
.

Bimini et plus, 25 et 25 janvier

On est arrivé à Bimini à midi hier, 24 janvier. Fatigués de tout le stress du départ, mais heureux d’être enfin là. Première chose à faire, les douanes et l’immigration, ensuite une bonne bière bahamienne avec nos copains de flotille, Perle D’eau (Marcel, Claude et Pierrette), et Maya Bella (Armand et Sharon). Enfin, petite sieste nécessaire avant le souper. Le moral n’était pas fort à l’arrivée. Fatigue et difficulté à trouver notre chemin au travers des «patates» de corail. Mais aujourd’hui, c’est différent. On a repris la mer sur le « banc » vers Chub Cay. L’eau est claire comme c’est pas possible. On voit le fond à 35 pieds. On voit les dauphins qui nagent au fond, alors que dans l’intracostal tellement sale, on ne voyait que leurs sauts hors de l’eau. Alors oui, aujourd’hui, on y est vraiment. On a levé les voiles pour la première fois depuis Annapolis. Oui, on est aux Bahamas et on sait enfin pourquoi on a fait tout ce chemin. En ce jour, je vous écris pendant qu’on navigue vers notre prochaine étape, Chub Cay. On ne voit aucune terre sur 360 degré de l’horizon. c’est enivrant.

Le pilote automatique nous permet de faire autre chose, tout en fardant un œil sur nos 2 vaisseaux copains et en écoutant Louis Armstrong en plein milieu de l’océan. Ce soir, on s’ancre en plein milieu de cet océan dont la profondeur ne dépasse pas 15 pieds, sur quelques centaines de kilomètres, à part quelques abysses qui atteignent plus de 4000 mètres de profondeur. Les étoiles, l’immensité… j’ai pas de mots.



Miami - Oleta River et Port de Miami, du 18 au 23 janvier


Oleta River park : Très belle escale. Du bon temps avec Lady Belle (Jeanine et Yves), Sea King (Michel et Lise), Euphorie (Michel et Diane) et Perle D’eau. Balades au West Marine et au Publix pour compléter notre approvisionnement, promenades à pied et à vélo, meeting de préparation pour la traversée avec Lady Belle (ils ont une expérience de 15 ans de traversées bahamiennes).


Oleta River est parc très agréable et tranquille, en plein milieu de Miami Nord. On aurait pu y rester longtemps.
Le 23 janvier, Perle D’eau et nous allons nous installer dans le Port de Miami pour être prêts pour la fenêtre météo du 24. Il y a beaucoup de bateau en attente du départ. On y rencontre Maya Bella (Armand et Sharon). Belle rencontre. Ils se joignent à notre flotille. Départ prévu : 3h00 am le 24 janvier.

vendredi 16 janvier 2009

On y est presque...




Beaucoup d’eau a glissé sous notre bateau depuis notre dernière mise à jour. Peut-être êtes-vous découragés d’attendre de nos nouvelles. On vous a quitté à Vero Beach, surnommé Velcro Beach par de nombreux voyageurs à cause du choix d’y rester « coller » . On y est resté presque 3 semaines pendant lesquelles on a continué nos préparatifs pour la traversée, mais surtout, on y a reçu de la belle visite de Nycole du Réseau du Capitaine et enfin, Yann et Michèle qui on passé une semaine avec nous sur le bateau. Cette semaine là nous a remplies de joies et leur départ a laissé un grand vide. Plage, promenade, bonne bouffe, petites balades en bateau, contemplation des dauphins… voilà ce qui a fait notre mois. C'est malheureux que toute la famille n'ait pu être réunie cette année, mais on fera certainement un Noël des campeurs cet été, à Montréal, avec Annie et Patrick.


Après le départ de Yann et Michèle, on a continué notre route vers Miami, en s’arrêtant à à Jensen Beach, à Lakeworth, à Boca Raton et enfin à notre ancrage d’aujourd’hui, où nous allons rester jusqu’à ce que la météo nous permette de se lancer dans l’océan. En quatre jours, nous avons dû faire lever 35 ponts à bascules entre lesquels nous devions calculer notre vitesse pour arriver ni trop tôt, ni trop tard. Tout au long de cette route, on a pu contempler les riches demeures.


En cours de route, on a fait deux rencontres importantes : Lady Belle, bateau de Yves et Jeanine, qui ont fait les Bahamas pendant 15 ans et qui nous gratifient de précieux conseils, et Perle d’eau, bateau de Marcel avec qui nous formerons une flotille de départ, en compagnie, probablement d’Absaroque, avec Jean-Pierre et Denise. Ces derniers sont déjà à Biscayne Bay.

Et voilà, on est fin prêt pour le grand départ, la pompe d’eau de mer est installée, la pompe macératrice (pour l’évacuation du réservoir sceptique) aussi. Les achats sont faits. Il ne reste que l’installation du système de transmission radio (Pactor) pour envoyer des courriels par ondes courtes. Ce dernier équipement est très important car nous n’aurons plus de téléphone à partir du moment où nous quitterons les USA. Ce qui n’arrivera pas avant lundi selon les dernières prévisions météo.
Pendant ce temps là, il y a toute une autre vie, parallèle, qui continue à Montréal, dans la neige et le froid. Michèle fait maintenant équipe avec Yann pour la gestion des affaires de la famille. Ils ont parfois des problèmes difficiles à résoudre mais en même temps, ils font un apprentissage dont ils sont fiers, et nous donc! Merci, merci, merci…

À bientôt,