lundi 23 mars 2009

De George Town à Éleuthera

Il y a parfois des endroits de recueillement, complètement perdu dans une brousse échevelée. On les trouve après quelques heures de marche, sans jamais avoir rencontré une seule personne. C'est magique...

Stocking Island, "Sand Dollar beach", 7 mars 08 Une belle rencontre d'amis au St-Francis, Georgetown, 7 mars 08


Le 12 mars, à Staniel Cay, Pierre réussissait à prendre ce magnifique poisson, un "Queentrigger fish". Tellement beau, qu'on a vraiment pensé à le remettre à l'eau. Mais, le pauvre poisson était trop blessé pour en survivre. On l'a donc mangé.
Délicieux!
Cela m'a fait pensé à la délicieuse Raie qu'on avait mangé chez Christine il y a quelques années. Malgré cela, je ne veux plus jamais pêcher ce poisson là... C'est une horreur à dépecer. Les os, très dur et épais, se prolonge dans les ailerons et dans le crâne. J'aurais eu besoin d'une machette pour en venir à bout.

À Warderick Well (14 mars 08), extraordinaire baie pour les pirates, et ensuite pour les loyalistes qui s'y sont enfuis des États-Unis avec leurs esclaves.
C'est aujourd'hui un parc naturel, où les oiseaux nous mangent dans la main et où les lézards se sentent les rois de l'univers. Ici, on a fait de la belle plongée. Les poissons de toutes sortes s'amusent dans les récifs.



Nous sommes maintenant à Governors Harbour, ancienne capitale des Bahamas avant Nassau. C'est une petite ville charmante et accueillante. Les gens y sont chaleureux et avenants. Même les chiens qui s'y promènent en meute sont gentils. Les enfants sont souriants et joueurs. À chaque rencontre, même sur la rue, on est salué. On a le sentiment qu'ils sont fiers que nous soyons venus chez eux. C'est vraiment très agréable, d'autant plus que l'honnêteté ici semble une valeur sure. D'ailleurs, partout aux Bahamas, mis à part Nassau, on a eu ce sentiment de sécurité.

À bientôt


Françoise et Pierre



vendredi 13 mars 2009

À la recherche du colis perdu …

À la mi-janvier, ma petite sœur Diane propose de nous envoyer quelques DVD de films, pour agrémenter nos soirées sur le bateau. Youppie! Quel beau cadeau! On dit oui à cette proposition alléchante. Mais comment faire et où les envoyer. On est, à cette époque, en attente d’une fenêtre météo propice pour la traversée du Golf Stream. Je propose donc à Diane de nous envoyer ce colis à Nassau qui, dans ma tête est certainement une grande ville bien organisée. Quelques jours plus tard, nous voici donc à Nassau. Nous sommes un peu surpris de constater que ce n'est pas si grand que ça et surtout, assez débraillé. Je me pointe au bureau de poste. Derrière le comptoir, je vois plein de boîtes de carton, débordantes de lettres pêle-mêle et je me dis que ça a l’air d’un beau fouillis, mais probablement qu’ils ont un « système » qui leur convient. Notre colis n’y est pas encore, mais c’est pas grave puisqu’on est là pour plusieurs jours. La météo nous retient sur place. À la fin de notre séjour, j’y retourne et le colis n’y est toujours pas. Il y a bien 10 jours que le colis a été posté.

Je parle au superviseur, le seul apte à savoir quoi faire semble t-il et je demande donc que le colis soit redirigé vers Staniel Cay. « il y a bien un bureau de poste à Staniel Cay, n’est-ce pas? » et il me répond : « certainement madame et cela ne prendra que 3 jours à partir d’ici ». Il me fait écrire, sur un petit bout de papier déchiré, mon nom et le nom de la ville où je veux que le colis soit redirigé. Où va ce papier? Comment feront-ils le lien entre ce papier et mon colis parmi cet amoncellement de lettres et de colis épars? Ils ont certainement un système!

Deux semaines plus tard, on arrive à Staniel Cay. Enfin, on aura des films! Et pas n’importe lesquels… ils ont été spécialement sélectionnés pour nous par Diane. On anticipe déjà nos douillettes petites soirées de cinéma maison, avec le doux tangage de Raksha.

D’abord, il faut trouver le bureau de poste. Dans le guide, c’est indiqué : maison verte! Bon… Il y a des maisons jaunes, vertes, roses et bleues (c’est assez joli d’ailleurs). On s’informe auprès d’un individu, blanc et prospère, qui conduit une voiturette de golf, véhicule généralement utilisé par les résidents.
« Madame, il n’y a pas de bureau de poste à Staniel Cay » qu’il me répond. Vous devinez mon désarroi!
« Mais oui, Monsieur il y a un bureau de poste. C’est dans le guide et le maître de poste de Nassau me l’a confirmé »
« Je sais de quoi je parle… Ça fait 10 ans que j’habite ici » répond le monsieur blanc et prospère.
Oh làlà… qu’est-ce que c’est que cette histoire?

Je cherche quand même la maison verte et j'interroge un vrai Bahamien de Staniel Cay. « Mais oui madame, il y a un bureau de poste. C’est la maison verte! »
La maison verte? Quelle maison verte? Où ça, la maison verte?
« Vous tournez là et ensuite là et après... vous suivez le chemin de pierre, vous allez arriver dans la cour de la maison de la maîtresse de poste » HA! « C’est là le bureau de poste? »
« Non madame, ça c’est la maison de la maîtresse de poste. Il n’y a personne au bureau de poste en ce moment (il est 10h00 am). Elle y sera peut-être à 11h00, mais à midi elle partira dîner et reviendra peut-être à 14h30»
« Et à quelle heure est-ce que ça ferme ? »
« À 16h00 » dit-il.
Je rencontre donc la maîtresse de poste chez elle, mais bref, pas de colis au bureau de poste de Staniel Cay. Mais nous sommes entre de bonnes mains, car la maîtresse de poste est aussi la police de la ville et elle s’implique beaucoup dans la communauté. Elle nous a conduit jusqu’à l’épicerie en voiturette de golf et en nous attendant, elle a lavé le plancher de l’épicerie. Ça, c’est de la polyvalence!

Trois jours plus tard, avant de quitter pour Georges Town, je retourne voir la maîtresse de poste, chez elle puisque je ne trouve toujours pas le bureau de poste. J’y rencontre sa mère qui tient lieu d’intérimaire. Elle ne me demande pas mon nom, elle sait qui je suis… la fille du colis perdu… Toujours pas de colis, mais la démarche a été faite auprès de Nassau et le colis devrait être en route. « En tout cas, il n’est pas à Nassau » me dit-on!

Je demande donc que le colis soit redirigé vers Georges Town, puisque nous y serons au moins 2 semaines. On me fait écrire mon nom, encore une fois sur un petit bout de papier déchiré. Où va ce papier? Ont-ils un système?

La maîtresse de poste de Georges Town a donc eu l’occasion de me connaître aussi. Plusieurs fois j’ai demandé qu'elle fasse la recherche pour moi auprès de Nassau et de Staniel Cay… Pas de colis…

Nous voici maintenant de retour à Staniel Cay, aujourd’hui le 13 mars. Une petite visite à la maman de la maîtresse de poste et ensuite à la maîtresse de poste elle même dans sa voiture de police. Toujours rien.

Je n’aurai pas mon colis… Mais le vrai sens de toute cette histoire, c’est que j’ai eu beaucoup de plaisir à m’immiscer dans un petit coin de la vie Bahamienne grâce à cette aventure. Alors merci Diane pour cette belle opportunité que tu m’as donné de « chercher un colis perdu ». Les Bahamiens que j’ai rencontrés dans leur quotidien (je ne les ai pas tous nommés) ont tous été d’une grande gentillesse et sincères dans le désir de nous aider. C’est juste qu’ils sont vraiment désorganisés. En fait, ont-ils besoin d’être plus organisé? Probablement pas.


Lundi le 9 mars,

Nous quittons Georges Town ce matin. Nous entreprenons notre périple de retour. Selon les prévisions météo nous prendrons les décisions relatives à notre mode de navigation. On s’attend à des vagues de 4 à 6 pieds de 3 secondes et un vent nord est de 15 à 20 nœuds. Au terme de notre navigation nous laisserons Raksha à Indiantown en Floride à la fin mai et nous rentrerons en auto après avoir préparé Raksha (sortie de l’eau, lavage, préparation pour son entreposage).
Sur le chemin du retour nous explorerons encore différents coins des Exumas puis, de Warderick Well, nous passerons dans les Eleutheras et les Abacos. Pour finir, nous reprendrons la mer en remontant le Gulf Steam vers Jupiter Inlet pour remonter la rivière vers Indiantown.

Nous pensons souvent à vous tous qui nous suivez et vous demandez ce que ça peut bien être de vivre une telle aventure. Eh bien il y a de grandes joies mais aussi nous pensons à vous qui profitez de confort douillet, de lits avec des draps secs, de l’eau courante et de l’électricité en abondance, et de toutes les facilités de la vie de citadins. Ici les repas sont souvent des Touttsky (tout ce qui reste).
Un jour nous avons décider de troquer le confort contre les couchers de soleil et l’eau émeraude, l’air salin, les plongées en mer avec les poissons de toutes sortes, le ciel plein d’étoiles la nuit, la rencontre de gens extraordinaires vivant dans les iles. La température cette année aux Bahamas est telle que les plongées et les baignades sont rares. Il ne pleut jamais, mais il y a toujours un fond de fraîcheur. Nous reviendrons quand même la tête remplie de souvenirs et nos pensées seront remplies d’idées de repartir vers des cieux lointains.

Vivre pleinement avant de mourir et mourir un jour en vivant pleinement.

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Samedi, 7 mars 2009.

Nous sommes encore à Georges Town, ancré devant le Monument dans le port. Il doit bien y avoir quelques centaines de voiliers et quelques bateaux moteurs répartis tout le long de Stocking Island. Il existe ici une communauté de navigateurs qui passent l’hiver à Georges Town et qui organisent entre eux plein d’activités, de jeux et de compétitions de toutes sortes.

Aujourd’hui c’était le jour du coconut. Le jeux consistait à ramasser le plus de noix de coco possible dans son dinghy (petite embarcation de type Zodiac accrochée à l’arrière des voiliers). Au début on lâche dans la crique quelques centaines de noix de coco, certaines sont roses et valent plus de point. On n’a pas le droit de voler celles des autres concurrents mais on a le droit de lancer de l’eau à la chaudière dans les autres dinghy, ce qui a pour effet de faire flotter à rebord les noix de coco qui retombent alors hors du dinghy. On peut alors les prendre. C’est une compétition très savoureuse.

Les bateaux changent souvent de place pour s’ancrer ailleurs comme à Kidd Cove, plus près de la ville de Georges Town. Nous y faisons le lavage, le marché, l’approvisionnement en eau avec des bidons de 6 gallons, en diesel, en propane (le mercredi à 1100am). On a aussi besoin de gasoline pour la génératrice qui nous permet de charger nos batteries. Les fils de l’hydro-Québec ne se rendent pas au bateau.
Tout compte fait pour survivre en bateau il faut penser et anticiper car il n’y a pas de ressource partout.
L’internet est rare et skype encore plus. On a un téléphone cellulaire de Batelco (cie de téléphone des Bahamas) à carte. Le coût d’utilisation est de $3.00 can. par min le jour et la moitié le soir.
Heureusement on a à bord un radio transmetteur amateur qui nous permet de communiquer avec le Réseau du Capitaine le matin entre 0700h et 0830h. Aussi on peut envoyer et recevoir par radio des messages textes sur le réseau winlink relié au réseau internet. C’est un outil essentiel pour rester en lien lorsqu’on est en mer ou sans wifi.

lundi 2 mars 2009

Georges Town, l'heure des choix

La vie reprend peu à peu sa place après les tristes jours de deuil qui accablent notre fille Annie. Le temps a des vertus de guérison et agit comme un baume.

Nous sommes maintenant à Georges Town au sud des Exumas. Nous aurions cru y trouver une ville comme Nassau, mais il s’agit plutôt d’un endroit beaucoup plus modeste où on trouve quand même un peu de tout. Internet : très peu de possibilités si ce n’est une cabane rustique où on peut aller avec nos ordinateurs pour profiter d’un réseau wi-fi. Pas de Skype, la bande passante est trop retreinte.


Confrontés à une décision pas facile à prendre, celle de continuer notre périple vers Grenade au sud des Antilles avec des amis rencontrés en Floride, Perle d’eau, ou de remonter vers le nord, nous avons été déchirés. Compte tenu de la difficulté de décider, Françoise et moi avons procédé par vote secret, écrit.



Aujourd’hui nous pouvons dévoiler le résultat. Nous avons décidé de remonter vers le nord et laisser éventuellement RAKSHA à Indiantown en Floride. Nous reviendrons donc à la maison pour la mi-juin. Nous caressons le projet, l’année prochaine, de naviguer vers Cuba.


Depuis Staniel Cay nous avons vécu plein d’aventures. Parti de Staniel Cay pour descendre vers Norman’s Cay nous avons été surpris par une mer un peu trop forte avec des vents de 25 nœuds et des grosses vagues trop courtes et de travers. Fatigués, après une vingtaine de milles nautiques de navigation, nous décidons d’arrêter à Galliot Cay pour y dormir. Nous y sommes seuls avec un autre voilier. L’endroit est charmant mais pour y entrer il faut passer par une passe étroite avec un courrant assez fort. D’un côté l’océan Atlantique avec ses 5000 pieds de profondeur et de l’autre le banc avec ses 15 pieds. Une importante masse d’eau qui s’y engouffre ou qui s’en évacue, en quelques heures de marée.

Le lendemain matin, levés tôt et après un bon petit déjeuner, nous décidons de sortir de la passe à l’étale (moment de calme entre 2 marées). Moteurs en marche, voiles prêtes à sortir en cas, car de chaque côté il y a des récifs menaçants, nous nous engageons dans la passe. Une houle roulante qui grossit nous y attend. Une houle mouvementé qui rebondit sur les récifs produits des tourbillons difficiles à négocier. Françoise est à la proue pour surveiller l’éventualité de tête de corail, Pierre est à la barre. La vague grossit au point où RAKSHA plonge à plusieurs reprises dans des vagues de 10 pieds. L’eau passe par-dessus Françoise qui se tient au balcon avant tout en portant son harnais de sécurité attaché à la ligne de vie.

Cela dure une bon 15 minutes avant de prendre le large et quitter cette zone turbulente. Ouff! Cette fois encore, on a eu le dessus. La mer n’a qu’à bien se tenir!

La suite fut beaucoup plus facile et la navigation jusqu’à Georges Town à la voile et au moteur fut très agréable.

Arrivé à Kidd’s Cove, nom du célèbre pirate Captain Kidd, nous jetons la pioche et descendons à terre pour explorer l’endroit.


Nos amis Mélanie et Simon avec qui nous avions déjà fait de la voile sur le lac Champlain doivent venir nous rejoindre le 24 fév. Ils nous apporterons aussi les pièces nécessaires à la réparation de l’éolienne que nous avions perdue en mer et un excellent café que nous dégusterons (il n’y a pas de bon café aux Bahamas).

Entre temps nous préparons le bateau pour leur venu.

Le 24 nous allons chercher nos amis à terre pour les ramener sur RAKSHA avec notre petit dinghy.. C’est le soir et le vent souffle assez fort. On a apporté des plastiques, genre rideaux de douche, pour leur éviter d’être mouillés. Mais chose impossible, la vague qui fouette le dinghy leur réserve une bonne douche d’eau salé.

Nous avons beaucoup apprécié les quatre jours passées en leur compagnie. Un peu de baignade à Stocking Island, Exploration de l’île. Tentative de prendre une mer trop agitée, retour à Sand Dollar Cay et finalement, une belle journée de navigation côtière en mer au nord de Conque Cay.

Merci Mélanie et Simon de nous avoir apporté votre amitié à bord de RAKSHA.

À bientôt.....


Françoise et Pierre